APRÈS NOUS LES OISEAUX de Rakel Haslund
La jeune fille quitte l'île. A présent qu'elle est seule, elle doit avancer dans le monde dévasté, elle prend le chariot, un dernier regard en arrière et elle avance. Elle ne croisera personne, seuls les cris des oiseaux, le souffle du vent et la puanteur des déchets lentement engloutis par la nature l'accompagnent.
« avance encore un peu, avance un peu plus vite, on se reposera bientôt, mais maintenant, allez, avance un peu plus vite »
Elle marche, elle mange, elle pense, voilà toute l'histoire narrée par Rakel Haslund. Un oiseau suit la jeune fille ou la devance ou peut-être qu'il lui parle sinon à quoi servent les mots qu'Am lui a appris avant de disparaître ? Les mots s'effacent si on ne s'en sert plus et s'il n'y a plus de mots, on ne peut plus penser, les choses perdent leur consistance, il faut inventer des mots alors pour ne pas mourir et exister encore un peu.
Ce texte est un long poème post-apocalyptique dans lequel le passé s'estompe et l'avenir n'existe pas, il ne s'agit que d'avancer pour que le corps subsiste dans une réalité dévastée et ne pas oublier les images léguées et les mots fragilisés afin de ne pas se perdre soi-même. Et si le style peut paraître épuré, en phrases courtes, parfois redondant, l'atmosphère qui s'en dégage va devenir oppressante au fil des pages, caressant une folie aux aguets.
Ce texte est un long poème en prose et c'est beau.
Robert Laffont (2023)
Traduit du danois par Catherine Renaud
189 pages
L'AUTEUR
Rakel Haslund-Gjerrild est née en 1988. Titulaire d'une maîtrise de littérature chinoise, elle est désormais traductrice du chinois vers le danois. Elle a fait ses débuts en tant que romancière en 2016 avec le recueil de nouvelles Îles. Après nous les oiseaux (2020) est son premier roman. Il a été acclamé par la critique.