L'ÉCRIVAIN NATIONAL de Serge Joncour
Mais que j’aime lire !
Quelle force dans vos mots Mr Joncour !
Serge est cet « écrivain national » tant attendu dans une ville de deux mille âmes en plein centre de la France. Accueilli en fanfare par une population pourtant perturbée par un fait divers lugubre. Oui, tout démarre avec ce fait divers.
Un certain Commodore, vieil homme vivant reclus en forêt et que l’on pense fortuné, a disparu. Volatilisé. Les premiers soupçons se tournent vers ses uniques voisins, ce jeune couple marginal, Aurélik et Dora. Dora… fascinante Dora. Et notre écrivain perd pied.
(…) je sentais son regard remontant d’une mer affreuse, j’en éprouvais la note noyée, ce regard qui me visait comme un appel, venu de cette forêt, là-bas.
Comment peut-on écrire aussi fort ? Des mots tellement retentissants que je suis tombée amoureuse du narrateur, l’écrivain. Tous ces mots sortant directement de sa bouche, le « je » me le rendant si intime. Et comment peut-on impacter autant sur la mécanique du corps ? Rythme cardiaque accéléré, mains moites, décharge d’adrénaline, tripes distordues. Ça peut faire tout ça des mots ? Les mots de Mr Joncour m’ont débordée.
Comment vous dire que mon bonheur de lire est dans des livres de cette trempe là ?
Partager des extraits ? Mais j’ai annoté tellement de passages…
Les autres on les croise toujours de trop loin, c’est pourquoi les livres sont là. Les livres, c’est l’antidote à cette distance, au moins dans un livre on accède à ces êtres irrémédiablement manqués dans la vie, ces intangibles auxquels on n’aura jamais parlé, mais qui, pour peu de se plonger dans leur histoire, nous livreront tout de leurs plus intimes ressorts, lire, c’est plonger au cœur d’inconnus dont on percevra la plus infime rumination de leur détresse. Lire, c’est voir le monde par mille regards, c’est toucher l’autre dans son essentiel secret, c’est la réponse providentielle à ce grand défaut que l’on a tous de n’être que soi.
Je crois bien pouvoir dire sans trop me forcer, si vous ne l’aviez pas encore saisi, qu’il faut que vous lisiez L’écrivain national.
Flammarion (2014)
390 pages
L’AUTEUR
Comme l'écrit son premier éditeur, Le Dilettante :
"Il est né un jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée. Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite, il en est sorti. Il a passé son enfance entre Paris, la Nièvre, l'Eure et loir et le Valais suisse. Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat, mais il s'en est sorti autrement, faute de temps."