D'APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE de Delphine de Vigan

Publié le

 

En 2011, Delphine de Vigan publiait Rien ne s’oppose à la nuit, un roman autobiographique écrit à la suite du suicide de sa mère. Un livre bouleversant qui a marqué les esprits. Depuis, rien. L’auteure n’a plus rien écrit. L’impact de ce livre ne s’est pas fait ressentir seulement sur le grand public, ce fut une décharge électrique pour une partie de sa propre famille. Un scandale. Rancunes, rancœurs.

La vérité est qu’au moment où j’aurais dû me remettre à écrire, selon un cycle qui alterne des périodes de latence, d’incubation, et des périodes de rédaction à proprement parler (…), j’ai rencontré L.

L. entre alors dans la vie de Delphine de Vigan et l’auteure n’écrira plus une ligne. Un blocage. Une phobie de toute trace écrite. Ni stylo, ni clavier. La nausée, la boule au ventre. Plus de textes, plus de messages, plus de mots. Rien.  Et L. qui habilement va se couler dans sa vie, L. qui insidieusement va se rendre indispensable, une meilleure amie, le seul soutien, la seule qui comprenne. Delphine avait pourtant un sujet de roman, elle voulait hâtivement revenir à la fiction, inventer des vies, créer un monde. Ne plus parler d’elle ni des siens, tout avait été dit.

- Les gens s’en foutent. Ils ont leur dose de fables et de personnages, ils sont gavés de péripéties, de rebondissements (…). Les lecteurs, tu peux me croire, attendent autre chose de la littérature et ils ont bien raison : ils attendent du Vrai, de l’authentique, ils veulent qu’on raconte la vie, tu comprends ?

L. insiste, il faut revenir à l’autofiction, L. envahit l’espace, L. connait tant de détails sur la vie de l’auteure, qui est-elle vraiment ? L. est comme un couvercle sur la vie de Delphine. Dessous, il fait noir, on étouffe, on tourne en rond, on s’aliène. Et l’angoisse monte.

Avec D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan nous raconte sa lente descente dans l’enfer d’une relation qui se veut destructrice. Un roman mené de mains de maître. Du génie. Il m’a hanté plusieurs jours après lecture. Fiction, autofiction, le vrai, le faux, auteur manipulé, auteur manipulateur ? C’est un retour détonnant de l’écrivaine et moi je la remercie de nous offrir tant de talent.

JC Lattès (2015)
478 pages


L’AUTEUR

Delphine de Vigan est une romancière française. Son premier roman, Jours sans faim est paru en 2001 aux éditions Grasset sous le pseudonyme de Lou Delvig. En 2007, No et moi reçoit le Prix des Libraires et a été récompensé par le prix du Rotary International et par le Prix des libraires.En 2011, elle obtient le prix du roman Fnac, le Prix Roman France Télévisions et le Prix Renaudot des Lycéens pour Rien ne s'oppose à la nuit ainsi que le grand prix des lectrices Elle 2012.
 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, livre lu comme dévoré, en une demi-journée. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je l'ai détesté. Par quel miracle peut-on "subir" et "avaler" le tout dans un laps de temps si court. Le plaisir se lie au malaise. Et se lit au malaise.Une énigme De Vigan. Au plaisir de lire ceux qui m'éclairent.
Répondre