MANHATTAN CHAOS de Michaël Mention
C'est à cause du son. Toute ma vie, je l'ai traqué. J'étais fou comme Dalí, précis comme Robinson, et me voici amorphe comme une merde. Une sale merde dépressive, rongée par le mal (…). Et si je pèse cinquante kilos, c'est que j'ai des chaînes en or.
Il est toujours jouissif d'entrer dans l'univers de Michaël Mention, tu ne sais jamais ce que tu vas vivre.
New York, dans la nuit du 13 au 14 juillet 1977, la ville est plongée dans le noir, un orage de canicule provoque une panne d'électricité générale. Cette nuit-là, entre la panique, les émeutes et les pillages, un homme, reclus dans sa misérable vie depuis deux années, en manque d'héroïne, est contraint de s'exposer à la rue pour palier à l'enfer de la privation.
Cet homme, c'est Miles Davis.
Dans son errance, un être mystérieux va lui faire vivre l'Histoire des États Unis le catapultant en des époques clés. Histoire fantastique ou délire d'un musicien en perdition, Miles Davis porte sa croix durant ces voyages éprouvants, rejouant sa vie, acceptant son sort.
Toujours mêlant l'Histoire à la musique, Michaël Mention, par son approche décalée, rend hommage à un immense musicien de l'Histoire du jazz, à sa façon. Le génie appelle la folie, la folie appelle la déchéance, la déchéance entraîne la mort. Pas de jugement de valeur, dans ce pays en crise, dans cette époque de troubles, le talent n'exclut pas l'effondrement des icônes.
Mais comprendre que cette nuit de chaos fut un souffle pour le maître qui reviendra sur le devant de la scène en 1981, et que Michaël Mention a ce regard de biais, presque génial, de celui qui t'entraîne dans l'Histoire par une autre porte.
La littérature se doit d'être innovante.
Éditions 10/18 (2018)
211 pages
L'AUTEUR
Michaël Mention réalise plusieurs bandes dessinées. Puis, il intègre un atelier d’écriture et rédige des chroniques satiriques avant d’écrire son premier roman. Passionné de rock et d’histoire, il accède à la reconnaissance avec sa trilogie policière consacrée à l’Angleterre, récompensée par le Grand Prix du roman noir au festival international de Beaune en 2013 et le Prix Transfuge meilleur espoir polar en 2015. Son roman Power (Stéphane Marsan, 2018) a reçu le Grand Prix au Festival Sans Nom de Mulhouse en 2018.
A lire sur le blog : Jeudi noir, Bienvenue à Cotton's Warwick, Power.