JEUDI NOIR de Michaël Mention

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France-RFA 82.
Parait que c’était un match de foot, une demi-finale de coupe du monde.
Petit 1 : 1982, j’avais 7 ans. Je devais jouer avec mon Kiki de tous les Kikis.
Petit 2 : 2014, j’ai 39 ans et je continue de jouer avec mon… non, pardon, je voulais dire que je ne regarde pas plus les matchs de foot à la télévision surtout que je n’en ai pas… de télévision.
Alors pourquoi j’ai tant et tant apprécié ce bouquin qui retrace un match de foot de la première à la dernière ligne ?

Je vacille, me rattrape contre un panneau Gilette. Marre des pubs. Les objectifs me mitraillent. Marre des photos. Et les autres, qui continuent de se taper sur la gueule. Marre des cons. Nausée. Remontée gastrique. Revival pâtes au beurre. Leur acidité me ronge le palais, qui fond sur ma langue et le reste suit. Mon visage me coule par les sinus ; je rétrécis et me tasse jusqu’au sol. Accroupi, j’essaie de me ressaisir. Des tribunes voltigent une casquette, des canettes et un objet.

Déjà, quand tu as lu ce passage, tu comprends que ceci explique cela. Une plume qui cisaille le papier grave ! Tu ne peux pas nier que cet auteur là, il détient le pouvoir absolu des mots qui complotent  pour t’assujettir et te rendre addict.
Une fois mise de côté cette écriture maîtrisée, tu serais en droit de demander « et le fond alors ? ».
Une plongée dans les années 80 « Revival » comme il dit.
A chaque avancée de ce match sous tension, à chaque action qui se veut plus ou moins dramatique, à chaque souffle retenu par le public, l’auteur nous immerge dans cette époque Mitterrandienne, cette période si pleine d’espoir. Politique sociale, politique économique, l’Europe, l’Allemagne, les résidus du nazisme, … Michaël Mention déborde, appuie sur les plaies à peine refermées. Une faute non sanctionnée sur le terrain et c’est la France entière qui se sent bafouée. Un tacle des allemands et c’est L’Europe qui est insultée. Et tous ces (re)sentiments se déversent hors du terrain pour mieux nous heurter.

Bref. C'est noir, c'est bon.
Y a pas à disserter des plombes.
Lis-le.

Ombres noires (2014)
188 pages


L’AUTEUR

Michaël Mention est écrivain, il habite Paris.
2008 : Son roman Le rhume du pingouin est publié aux éditions du Rocher
2011: Maison fondée en 1959 de Michael Mention (Fantascope)
2011: La voix secrète (Fantascope)
2012 : Sale temps pour un pays, chez Rivages/Noir
2013: Unter Blechkoller

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