DEHORS LES CHIENS de Michaël Mention
Faut déjà que je plante le décor.
1866. L'ouest américain.
Forcément se mettent en place des images de déserts parsemés de cactus, des images de stetsons et de colts, des bruits de galops et d'éperons qui frappent le parquet d'un saloon.
La base.
Là-dessus, l'auteur pose Crimson Dyke. Il n'est pas un cow boy qui braque les banques, ni un héros sauvant la veuve et l'orphelin. Dyke est un fonctionnaire itinérant, un agent de l'USSS division du Département du Trésor. Sa mission n'est pas de traquer Jesse James ou Billy The Kid. Il est chargé d'arrêter des escrocs de bas étage, les faux monnayeurs.
Alors qu'il fait halte à Providence, un cadavre éviscéré se met sur sa route.
Yeux exorbités.
Torse ensanglanté.
Tripes à l'air.
Et il y en aura d'autres.
Alors quoi ? Dehors les chiens est un polar à la sauce western ? On peut dire que oui. Et tout y est. La chaleur, la poussière, les panoramas désertiques, les indiens, les politiques véreux, les gros méchants sans peur et sans caboche, la belle qui n'a pas froid aux yeux.
Mais surtout, Dehors les chiens est un polar à la sauce western écrit par Michaël Mention. Faut rajouter à la sueur de Dyke, le pus qui coule de son oreille. Une image peu ragoûtante certes, mais qui me sert à rappeler ici la singularité de la plume de l'auteur. Il ne se contente pas du décor que je plante au début de ce billet, il y ajoute Immigrant song de Led Zeppelin ou Metal Militia de Metallica*. Michaël Mention met en scène les mots sur les pages comme on met en scène des acteurs sur une scène, il crée du mouvement et des plans à la Tarantino comme dans Django Unchained. Il ne suffit pas de dégainer plus vite que son ombre, il faut aussi que ça éclabousse un maximum.
Si j'ai aimé ?
Michaël Mention a cette facilité de passer d'un univers à un autre, mais la part de lui que je préfère, c'est bien celle de cette macabre folie qui mélange la noirceur de l'homme et le rock'n roll, et Dehors les chiens est un vrai délice en la matière.
Je suis impatiente de lire la suite de la virée de Crimson Dyke.
Editions 10/18 (2021)
308 pages
L'AUTEUR
Michaël Mention réalise plusieurs bandes dessinées. Puis, il intègre un atelier d’écriture et rédige des chroniques satiriques avant d’écrire son premier roman. Passionné de rock et d’histoire, il accède à la reconnaissance avec sa trilogie policière consacrée à l’Angleterre, récompensée par le Grand Prix du roman noir au festival international de Beaune en 2013 et le Prix Transfuge meilleur espoir polar en 2015. Son roman Power (Stéphane Marsan, 2018) a reçu le Grand Prix au Festival Sans Nom de Mulhouse en 2018.
A lire sur le blog : Jeudi noir, Bienvenue à Cotton's Warwick, Power, Manhattan chaos.