UN PAYS OBSCUR d'Alain Claret

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Un pays obscur. Une guerre crasse, un cachot noir, une forêt sombre, une mare boueuse. Dans un champ lexical de bas fond, Alain Claret aligne ses mots dans une folie insidieuse.

Thomas, otage en Lybie, revient d’entre les morts et s’installe dans la maison de son père récemment décédé. Une vieille demeure chauffée au bois, enveloppée d’un jardin à l’abandon, et tout près, la forêt. La mare. Les fantômes.
Thomas n’est pas rentré seul de sa captivité, il emporte avec lui l’histoire de Tom, un photographe de guerre abattu sous ses yeux, il ramène Ripley, personnage de roman, qui a partagé sa cellule. Il les installe dans cette maison où il a rejoint son père, ses livres, son vin. Les fantômes.
Et Hannah. De retour dans sa vie après dix années de silence. Sa fille disparue, ces filles évaporées, ce cadavre. La mare.

La lune sortit d'un nuage et il vit la tête de son compagnon partir violemment en arrière ; ses yeux gonflèrent sous le choc, le haut du crâne se déchira et un flot de sang fusa dans l'air saturé de poussière. En même temps, Thomas regardait fixement la lucarne tachée de lueurs jaunes qui se découpait dans le toit et il comprit qu’il était dans sa chambre et qu’il ne craignait rien.

Enrobé d’un lyrisme ténébreux, les mots d’Alain Claret compriment dès le début du roman. Entre la violence de la guerre et le silence pesant de la maison, l’atmosphère se veut inquiétante. Seules une sauce qui mijote et la saveur d’un vin permettent une accroche au réel, seuls instants de pause avant de retourner dans les méandres de la pensée persécutée de Thomas.
Et on arrive au bout de ce long chemin parsemé du cadavre de Khadafi, de soirées littéraires mystérieuses, de la blancheur d’un sein, de pleurs d’enfant au creux de la forêt. Entre onirisme et fantasme. On arrive à la fin du livre. Un chaos.
Ce livre est à lire.
Et Alain Claret est un grand auteur.

La Manufacture de Livres (2018)
442 pages

 

L’AUTEUR

Il crée au début des années 1980 la revue littéraire Anarkos qui se veut à la recherche d’une écriture romanesque contemporaine. Son expérience théâtrale le conduit à l’écriture de scénarii pour le cinéma et la télévision. Son ambition reste la recherche d’une écriture romanesque contemporaine. En 1991, il publie un premier roman aux éditions Flammarion, Clichy-Section. En 2002, il publie aux Éditions Robert Laffont, Si le Diable m’étreint, premier titre d’une série de romans noirs qui auscultent les réalités complexes de notre époque.

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