SUR LE CIEL EFFONDRÉ de Colin Niel

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Sur le ciel effondré est le quatrième roman de Colin Niel situé en Guyane française. Nous retrouvons son personnage récurrent le capitaine Anato, noir-marron de retour au pays depuis quelques années, en recherche identitaire. Dans cet opus, une deuxième figure forte s’impose en la personne de l’adjudante Blakaman, également noir-marron, qui après avoir été l’héroïne survivante d’un attentat en métropole, revient sur ses terres à Maripasoula.
Après le remarquable Obia *(2015) dans lequel l’auteur nous immerge dans la culture Bushinengué de l’ouest guyanais de Saint Laurent du Maroni, il nous emmène cette fois dans les profondeurs du sud de la Guyane, en pays amérindien, sur le Haut-Maroni.

Une nuit de fête dans un village Wayana, où le cachiri coule à flots, un adolescent disparait. Nul n’a rien vu. S’est-il suicidé ? A-t-il eu un accident ? Ou peut-être s’est-il fait enlevé par ces trafiquants orpailleurs venus du Brésil ou du Guyana qui défigurent le territoire et polluent de mercure le fleuve ?

A mesure qu’on remontait le Maroni, les constructions laissaient peu à peu place à la forêt, les marques de la présence humaine s’estompaient. Et ce qui en restait, flagrant et indécent, plus que les pirogues amérindiennes lancées vers la ville, c’étaient les stigmates visibles de cette activité minière illégale qui remuait la boue des criques.

Sous couvert d’une enquête policière complexe où les fils s’entremêlent, l’auteur nous sert un état des lieux désastreux de cette région isolée de la France. Depuis une vingtaine d’années, le taux de suicide chez les jeunes amérindiens explose, jusqu’à dix fois celui atteint en France métropolitaine. Le décalage entre leur culture et celle du littoral guyanais où ils partent faire leurs études est violent et perturbant. L’auteur met en relief l’héritage ancestral du peuple Wayana qui peine à survivre face à une modernité occidentale ostentatoire à laquelle ils n’ont pas complètement accès. En parallèle, on pollue leur fleuve, on détruit leur habitat au nom d’un métal dont ils ne tirent aucun profit, cet or clandestin dont les autorités voudraient bien accaparer le marché. Difficultés sociales, trafics en tout genre, manigances politiques, drogue, alcool, marché du sexe, tout ça est aussi la Guyane. Au cœur d’une forêt phénoménale.
Sur le ciel effondré est un roman foisonnant, brillant, et Colin Niel magnifie ce bout de terre français amazonien.

Rouergue Noir (2018)
501 pages


*Les hamacs de carton (2012), Ce qui reste en forêt (2013), Obia (2015)

 

L’AUTEUR

Colin Niel est un écrivain français né en 1976 en région parisienne où il a grandi, au 12ème étage d'une ZAC, avant de voyager un peu partout et de vivre loin de son béton natal, en Guyane, en Guadeloupe.
Il commence à écrire à son retour de Guyane et donne vie au capitaine Anato et à ses enquêtes en Amazonie française. Son premier roman, Les Hamacs de Carton, est récompensé par le prix des Ancres Noires en 2014. Suivent Ce qui reste en forêt et Obia.
2016: Colin Niel a reçu le Prix du récit de l’ailleurs (Saint Pierre et Miquelon) pour son polar Obia.
2017 : Seules les bêtes.

 

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