ON NE VOYAIT QUE LE BONHEUR de Grégoire Delacourt

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Qu’il est difficile de parler d’un livre de Grégoire Delacourt en étant certaine de faire passer ce que j’ai ressenti au creux du ventre. On ne voyait que le bonheur est pour moi, comment on dit déjà ? un coup de cœur ou un coup au cœur. Un trouble. Un émoi.

Antoine nous dit sa vie tel un spectateur impuissant. Il subit sa vie et il est écrasé, littéralement aplati, broyé au fil des années. Il a quarante ans, est expert en assurances et en balayant son histoire, il bascule…

Ma lâcheté trouve son origine dans cette colère qui ne sort pas. Je sais que le pardon n’a jamais été une qualité humaine, il faut se battre, oser redevenir animal, mordre, se défendre ; ou accepter de disparaître.
J’y pense parfois. Disparaître.

J’ai entendu récemment que Grégoire Delacourt écrit comme il parle. Mais Grégoire Delacourt écrit comme un poète. Peut-on dire qu’il raconte en poésie ? Toujours cette fluidité des mots qui se déversent en nous si aisément, nous captivant. Oui, j’ai été prise dès les premières lignes. Addict. Et comme j’aurais voulu que ça dure…
A chaque phrase, une sensation. Je suis passée de la compassion à la colère, d’un sourire à une larme et puis, le noir, le drame… Et quand Mr Delacourt estime que l’émotion doit être ancrée plus violemment encore dans nos entrailles, alors il déploie une ribambelle d’images et on ne peut plus lutter. Il percute.

Je ne l’ai pas su. Je l’ai senti.
J’ai senti les mains rôder, les lèvres goûter, les yeux caresser. J’ai senti les mots nouveaux qui s’étaient insinués. J’ai senti le geste plus lourd pour remettre une mèche. Un geste sans ambigüité possible. J’ai senti le mal. J’ai senti l’abîme. J’ai senti mon cœur s’ouvrir, se déchirer. J’ai senti les larmes. Les brûlures. J’ai senti le fauve se réveiller. La colère gronder. L’orage, tous les orages. J’ai senti le sens du mot chagrin. La douleur immémoriale des femmes. J’ai senti l’âcre, le sale. J’ai senti les doigts qui sentaient le mensonge. La trahison. Le regard qui coulait (…).
J’ai senti le monde s’écrouler quand Nathalie m’a trompé.

Je pourrai le citer encore et encore. Le plus simple est de le lire.
Plus je découvre Grégoire Delacourt et plus je l’aime. Et je le trouve à chaque roman meilleur encore. On ne voyait que le bonheur. S’il y a un livre à lire là, tout de suite, c’est celui-là.

Editions JC Lattès (2014)
360 pages


L’AUTEUR

Grégoire Delacourt est écrivain et publicitaire. On lui doit ces fameux slogans: "Vous n'aviez jamais mangé de camembert" (Cœur de Lion), "Nous vous devons plus que la lumière" (EDF). Il a maintes fois été récompensé pour son travail.
L’écrivain de la famille paru en 2011 est son premier roman et il a reçu de nombreux prix.
La liste de mes envies, son second roman, a été acheté par 27 pays et a fait l'objet d'une adaptation au théâtre en 2013. L'adaptation cinématographique est sortie en mai 2014, avec Mathilde Seigner, Marc Lavoine et Patrick Chesnais.
Son troisième roman, La Première chose qu'on regarde, est sorti en avril 2013.

 

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