MA COUSINE RACHEL de Daphné du Maurier
J’ai commencé par aimer la femme avant d’aimer l’auteure. Je l’ai découverte dans le roman retraçant sa vie écrit par Tatiana de Rosnay, Manderley for ever. Dans le même moment, sortait une nouvelle traduction d’un de ses plus grand succès dont Hitchcock fera un film, Rebecca, et je suis alors entrée dans une œuvre forte, au caractère marqué, j’ai pénétré l’univers de Daphné du Maurier. Récemment, j’ai lu qu’on avait adapté au cinéma Ma cousine Rachel, j’ai eu envie de le lire avant que le film ne sorte, et encore une fois, je me suis laissée prendre…
Philip a toujours vécu dans cet immense domaine dans les Cornouailles avec son cousin Ambroise qui fut comme un père. Lors d’un voyage en Italie, Ambroise rencontre une comtesse, Rachel, dont il tombe amoureux, lui qui jamais n’avait laissé une femme entrer dans leur vie. Philip n’apprécie pas d’apprendre leur mariage, jaloux et inquiet d’être privé de sa place de favori. Puis des courriers inquiétants l’emmènent à se rendre à Florence où il apprend qu’Ambroise est mort. Et la cousine Rachel s’est volatilisée.
Je jurai que, quelles que fussent les souffrances qu'Ambroise avait enduré avant de mourir, je les rendrais toutes à la femme qui en était la cause.
Elle continuait à me regarder, incrédule, stupéfaite comme quelqu'un qui écoute d'incompréhensibles propos dans une langue étrangère, et je songeai soudain avec angoisse et désespoir qu'il en était effectivement ainsi entre nous; tout s'était passé par erreur.
Un suspens de précision, une montée en tension au fil des pages qui ne prendra fin qu’à la dernière ligne. Qui est cette cousine Rachel ? Que cache-t-elle ? Mais est-elle vraiment une farouche manipulatrice ou est-ce Philip, si jeune encore, candide, inexpérimenté de la gente féminine, qui s’imagine le pire ? Daphné du Maurier utilise les mêmes ingrédients que pour Rebecca, un domaine écrasant rendant l’atmosphère dense, un narrateur très jeune et crédule, et un personnage féminin entouré de mystère. Et ça marche aussi bien ! Ce roman se dévore d’une bouchée, nous laissant dans un perpétuel doute jusqu’au bout, et en le refermant, les mains encore moites, admirative de cette narration efficace, je suis convaincue par le style du Maurier. Quelle femme ! Quelle plume !
Albin Michel (1952)
383 pages
L’AUTEUR
Daphné Du Maurier écrit ses premières pages dignes d'être publiées à l'âge de dix-huit ans. Elle publie son premier roman, The Loving Spirit (La Chaîne d'amour), en 1931 et épouse l'année suivante le général de division Frederick Browning.
Le roman de Daphné du Maurier le plus connu est certainement Rebecca (1938), l’histoire du mariage d’une jeune femme avec un veuf riche et mystérieux. Œuvre saluée par la critique, qui lui apporte la gloire.
Trois de ses écrits sont portés à l'écran par Alfred Hitchcock :
L'Auberge de la Jamaïque (1936), adapté au cinéma sous le titre La Taverne de la Jamaïque en 1939, Rebecca (1938), adapté au cinéma en 1940 et Les Oiseaux (1952), adapté au cinéma en 1963.
Daphné du Maurier évoque dans Les Souffleurs de Verre, les origines françaises de sa famille.