LE DICTATEUR QUI NE VOULAIT PAS MOURIR de Bogdan Teodorescu

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Parce que j’ai découvert de surprenantes lectures derrière des couvertures (très) colorées, je continue la prospection de cette jeune maison d’édition qu’est Agullo. Et si je trépigne devant la couverture (moins) colorée de ce nouveau titre qu’est Le dictateur qui ne voulait pas mourir, c’est que je veux encore être déconcertée, interloquée, abasourdie, oh oui, Bogdan Teodorescu, fais-moi du bien !

Il était une fois un vieux dictateur qui, après une longue vie à écraser son peuple consentant, traîne ses derniers jours sous une serre au verre grisé par le temps à rêver d’une Roumanie solaire, dominant l’occident. A rêver d’immortalité.

Les hommes comme lui dépassaient les limites pures de la chair et des os, et commençaient à se confondre avec le système qu’ils avaient créé.

Dans le secret, il fait construire un portail capable de ramener du passé des personnages qui ont fait l’Histoire du pays. Ainsi, il s’apprête à faire revenir Michel Le Brave. Pour savoir qui est ce personnage, et d’autres cités dans la première partie du roman, l’auteur (l’éditeur ?) a eu la grande idée de joindre un glossaire en fin d’ouvrage, car qui connait l’Histoire de la Roumanie à part quelques roumains peut-être ?
Ramener Michel Le Brave, prince et grand commandant militaire au XVIème siècle, pour grossir l’aura du pays, pour lui rendre sa puissance, tel est le projet mégalomane (et halluciné) du dictateur.

Michel Le Brave revient du passé.
Et rien de ce qui suivra ne sera plus maîtrisé.

Pouvoir, corruption, contrôle des masses, on retrouve tout le package que peut offrir un dictateur digne de ce nom. Autour de lui, l’auteur déploie des personnages à la caricature étudiée : le conseiller avisé qui prêche pour lui, l’ancien adversaire blasé, l’Académicien opportuniste. Tous là pour souligner l’absurde d’une Histoire qui se répète, de schémas politiques récurrents, de la faiblesse des peuples face à la peur. Le final chaotique, grandiose, complètement fou de ce roman confirme que l’Homme ne retient aucune leçon du passé. Jamais. Il ne s’agit pas d’un roman de science-fiction, j’ai lu une farce, une pièce de théâtre de boulevard qui glace le sang, dans un style original qui allège le propos en forçant les traits. Pourtant, le malaise en filigrane est omniprésent.
Encore une folle découverte.
Je vais continuer à mater derrière ces couvertures (certes) colorées.

Agullo éditions – 2018
180 pages
Traduit du roumain par Jean-Louis Courriol


L’AUTEUR

Bogdan Teodorescu, né en 1963, devient journaliste dès 1990 après des études d’ingénieur et un doctorat en communication. Il est professeur de marketing politique et électoral à l’école nationale d’études politiques depuis 1997. Il est l’auteur d’une dizaine de volumes, dont Spada, paru aux éditions Agullo, finaliste du prix européen 2016.

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