LA NUIT A DÉVORÉ LE MONDE de Pit Agarmen
Au réveil d’une bonne cuite, un homme se retrouve face au chaos. Du sang partout, des hommes qui s’entretuent dans la rue, qui se dévorent, le monde a basculé, le monde est transformé. A présent, il va falloir survivre et s’adapter.
Quand j’ai lu la quatrième de couverture, Une épidémie a changé la plupart des êtres humains en créatures démoniaques, avides de chair et de sang. On a vite compris leur nature : ce sont des zombies, j’ai eu des a priori plutôt caricaturaux. Je pensais à un style de lecture auquel je n’accroche pas, un genre sciences fiction de série B. Néanmoins, ce livre m’ayant été confié par les Éditions Robert Laffont et aimant le côté apocalyptique du sujet, je me suis lancée… et comme j’ai bien fait !
On a tout dans ce livre : la sciences fiction, du noir, la psychologie et la philosophie.
Un côté science fiction avec ces créatures immondes appelées zombies par le narrateur. Elles dévorent les hommes qui a leur tour deviennent des zombies jusqu’à ce qu’il ne reste plus trace d’humanité.
Leur appétit les anime : ils sont affamés, bouche en avant, ouverte, baveuse, lèvres blessées, dents sorties. Leurs ongles sont noirs de sang coagulé et de saletés, abîmés, parfois arrachés. Leurs doigts sont crispés, ils semblent agripper l’air même. Je les observe aux jumelles pour distinguer les plus petits détails. Leur peau sécrète une sorte de pus couleur terre.
Cet homme qui se terre dans un appartement doit s’adapter à cette nouvelle vie de terreur, d’angoisse, de solitude. Il doit vivre cacher. On assiste à la mise en place de sa survie sur le plan matériel, il pense à tout : eau, chauffage, nourriture, il ira même jusqu’à recycler ses déjections. Mais face au silence et au temps ralenti, il voit une certaine langueur s’installer, la dépression le guette, doit-il se suicider ? L’esprit embrouillé empreint de trop de questionnements, il lutte malgré tout.
Mais s’il a survécu, n’est-ce pas parce qu’il n’était pas adapté au monde d’avant ? Ces zombies sont-ils pire que les hommes ?
Les affronter n’est pas pour me déplaire : enfin des adversaires avec lesquels il n’est plus question de politesse, de bienséance, de codes sociaux. Non. C’est clair. Je vous hais et je vais vous tuer. Cela fait un bien fou d’abandonner le vernis humaniste qui nous empêchait de massacrer les connards qui dictaient leur loi. J’ai un but, un combat : j’existe. Je me venge de trente six années de mauvais traitements. Et bon Dieu, ça me rend heureux.
Vous l’aurez compris, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, je l’ai lu d’une traite. C’est très bien écrit et j’ai aimé ce mélange des genres, un mélange qui amène à la réflexion tels Ravage ou 1984. Ce livre m’a renvoyé vers ces classiques qui ont modelés mon devenir de lectrice et d’être humain.
A lire donc…
Robert Laffont (2012)
216 pages
L'AUTEUR
Pit Agarmen est le pseudonyme d'un écrivain français qui a publié de nombreux romans et essais. Il nous fait découvrir ici une nouvelle facette de son talent, dans un registre assez différent de celui qu'il explore habituellement, mais avec le style tout aussi maîtrisé et éclatant.