CAPTIVE de Margaret Atwood

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Margaret Atwood est partout cette année. Alors que vient de sortir son dernier roman C’est le cœur qui lâche en dernier, les producteurs de télévision américaine se sont intéressés de près à son œuvre passée. Tu as sans doute vu ou entendu parler de cette somptueuse série tirée de son roman La servante écarlate, réédité pour l’occasion, qui est à mon sens très réussie et conserve la pertinence du récit initial. Et voilà que de nouveau, on est allé piocher dans ses mots pour en extraire une nouvelle série TV, et cette fois, il s’agit du roman Captive qui deviendra Alias Grace sur les écrans. Ce roman, écrit en 1996, est de nouveau en librairie. Merci Robert Laffont.

Grace Marks a seize ans quand elle se retrouve emprisonnée à perpétuité pour meurtres.
Nous sommes au Canada, en 1859.
Grace était servante dans la demeure de M. Kinnear depuis peu. Elle était sous les ordres de Nancy Montgomery, la femme de charge. Et venait d’être embauché un certain Mc Dermott pour les travaux extérieurs, un être taciturne et toujours de mauvaise humeur.
Et un matin, armés d’une hache, d’un foulard et d’un fusil, Grace et Mc Dermott mirent fin aux vies de M. Kinnear et Nancy, et furent arrêtés, pendu pour l’un et perpétuité pour l’autre.

Sur la tête de la belle Nancy,
Un grand coup il porta avec sa hache,
Puis la traina jusqu'à la cave, ohé,
Et la précipita en bas des marches.

Mais voilà que beaucoup d’encre a coulé sur cette affaire, voilà que beaucoup de témoignages se percutent et se contredisent, voilà que Grace, si jeune, si belle, si ingénue, dit ne pas se souvenir, voilà qu’un groupe d’âmes bienveillantes face à l’agnelle acculée veulent la faire gracier. Ce sera le docteur Simon Jordan, spécialiste des maladies mentales qui tentera de savoir si oui ou non la troublante Grace est coupable.

Ce roman est tiré d’une histoire vraie dont l’affaire a laissé nombre de questionnements en suspens, et le grand talent de Margaret Atwood est de nous embarquer avec facilité dans la vie et dans la tête de cette jeune fille, nous faisant douter, nous permettant des hypothèses, tantôt en empathie voire en sympathie pour le joli minois de cette chère enfant, tantôt nous laissant entrevoir quelque obscurité derrière un sourire poli. Et puis cette écriture ! Quelle plume madame Atwood ! (oui, je mets du point d’exclamation parce que oui, suis fan) Qui nous immerge rapidement dans un récit exaltant, d’une fluidité parfaite, avec la légèreté et la fraîcheur contenues dans les seize ans figés de cette servante, mais aussi avec les stigmates d’une vie qui s’arrête sur le pas d’un pénitencier. Un grand roman. Et j’espère une série télévisée qui y fera honneur.
Même s’il y a sur la couverture un vilain macaron estampillé Netflix, juste là pour me faire mal aux yeux, je te conseille vivement d’aller en librairie te procurer Captive.

Robert Laffont (1996)
615 pages

 

L’AUTEUR

Margaret Atwood, née à Ottawa en 1939, est l'auteure d'une quarantaine de livres – fiction, poésie et essais critiques. Traduite dans cinquante langues, elle est l'une des plus grandes romancières de notre temps. Aux Éditions Robert Laffont ont été notamment publiés : C'est le cœur qui lâche en dernier (2017), MaddAddam (2014), Le Temps du déluge (2012), La Servante écarlate (2005), Le Dernier Homme (2005), Le Tueur aveugle (2002, Booker Prize) ou Captive (1996).

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